vendredi, mars 08, 2013

TS

Parole de Diams ' 'PS : Ce que j'ai fait s'appelle une T.S. Pour certains un S.O.S, pour d'autres une preuve de faiblesse''

Les dernières semaines n'ont pas été faciles pour moi. Pour être plus honnête, 1h30 après avoir écrit le dernier post, j'étais à l'hôpital...

J'ai eu beaucoup de difficulté à comprendre pourquoi j'ai fais ce que j'ai fais. Je me sens à present plus à l'aise d'en parler, du moins, écrire. Écrire est extrèmement libérateur et j'aime bien ce blog pour pouvoir ventiler mes idées et mes émotions. Ça me permettra de constater mon évolution pendant ma thérapie.

Donc vendredi le 22 février...j'étais en arrêt de travail depuis maintenant 4 jours. 4 jours plein d'anxiété par rapport à ma vie, mes difficultés au travail, mes difficultés tout court. Je ruminais sur le fait que je fais semblant d'aller bien alors que ça fais trop longtemps que je m'accroche et je respire tout juste à la surface. J'étais frustrée d'être entourée de gens mais de me se sentir si seule. Frustrée de ne pas être en mesure de gèrer ma vie professionelle convenablement. J'étais vidée d'énergie, de vie. Ce vide intérieur, il est là depuis mon adolescence. Je me sentais brisée. Et quand on est brisée, pour moi, il était plus facile de partir que de rester et affronter encore 10ans de vide, de foutaise, de fake et de frustrations quotidiennes. J'étais surtout dépassée par le manque de soutien médical. Je criais SOS et on me traitait comme un numéros avec une solution ''one size fits all''. J'avais même téléphoné le mercredi au centre de crise car j'avais des idées suicidaires. On m'a simplement proposée de disposer de mes médicaments... J'en avait assez. J'ai donc passé à l'action.

Sans trop y réfléchir. J'ai broyé des comprimés de narcotiques/analgésiques car je sais que ça passe plus vite dans le sang que les gober tout rond. J'ai pris aussi de l'alcool en grande quantitée car ça accentue l'action de somnolence. Mais vite après mon geste, j'ai eu une terreur et une crise de panique qui a convaincu ma douce qu'il fallait que je sois hospitalisée.
Je me rappelle que très peu de choses après cela. J'ai vite eu les symptômes de somnolence au point ou j'ai eu besoin d'aide pour sortir de la voiture et transfèrer à un fauteil roulant. Par la suite, j'ai que quelques flashbacks du triage. Je me suis réveillée peu après dans la salle de choc, entrain d'être dévêtie et mise sous moniteurs. J'entendais ces bruits si familiers que j'entendais quotidiennement à l'hôpital...puis soudain, j'ai entendu l'alarme de la saturation en oxygène. Je désaturais à 83%! On m'a vite mis sur oxygène. J'entendais ensuite la cloche indiquant que ma pression artérielle était critique. Pui on m'a pluggé un soluté IV. Mais pas longtemps après, j'ai sombré dans un sommeil lourd. Je me rappelle pas d'avoir eu peur. Je m'endormais car c'étais simplement plus fort que moi. Je n'avais pas de notion de si j'allais me réveiller ou pas...

Je me suis réveillée dans une salle de réveil, mais j'ai vite compris que c'était la section psychiatrie. Je me sentais tellement faible. J'avais mal au ventre. J'étais encore sous moniteur cardio-respitatoire et sous antidote IV. On prenait des prises de sang aux 2-3h parce que mon foie était intoxiqué à l'acétaminophen. Simplement me lever et aller aux toilettes était pénible. Je n'avais pas d'équilibre. J'avais faim mais je devais demeurer à jeun, le temps que mon métabolisme se stabilise. J'avais dit à Suzie de ne pas dire à ma mère que j'étais hospitalisée, et que j'allais lui dire une fois que je serais prête à le faire. Cependant, ma mère a tout de même réussi à me retrouver et cette confrontation a été pénible pour moi. J'avais honte de mon geste et réaliser les éffets sur mon entourage a été déchirant. Je me sentais vraiment mal émotionellement autant que physiquement. Je n'ai pas été en mesure d'avoir une bonne entrevue avec la psychiatre car j'avais eu un malaise pendant sa visite. J'avais eu soudainement eu des vertiges, des nausées et des faiblesses...

J'ai du passer la nuit et la journée du samedi à l'hôpital. La nuit a été mouvementée car j'ai eu des douleurs atroces au foie et la médecine interne n'y pouvait rien car j'avais déja une dose toxique d'analgésiques dans le corps...Et puis, ce fut les nausées, et puis l'entrée d'un patient en crise escorté par 2 policiers car il était en garde à vue. Il hurlait à tue-tête qu'il avait tué quelqu'un et moi j'étais dans la civière juste à côté...inutile de préciser à quel point j'avais la trouille!
Le jour n'étais pas mieux. Comme j'étais encore à jeun, regarder les autres manger a été difficile. Comme l'unité est surveillée, mes déplacements étaient très limités. Soit rester dans la civière ou soit aller aux toilettes. On prenait encore des prises de sang aux 4h. J'ai du attendre jusqu'à 11h avant de pouvoir manger! Suzie m'a apporté une chocolatine car il était trop tard pour déjeuner. Comme je n'avais pas beaucoup mangé dans les 48 dernières heures, c'était un vrai régal!
Progressivement, on m'a débranché des moniteurs et on a retiré mon IV et l'antidote. Le medecin m'a dit que je ne devrais pas avoir de séquelles. J'ai du attendre jusqu'à 15h pour voir le psychiatre. Le temps était long. Il y avait rien à faire sauf dormir, écouter les déboires des autres patients ou lire des revues vraiment plates (ie: une revue sur la chasse et pêche...)
Quand j'ai vu le psychiatre, ça n'a pas pris longtemps avant qu'il me dise que son diagnostic était celui du Trouble de Personalité Limite, communément appellé Borderline ou TPL. Il a identifié, à travers mon entrevue, que je répondais à au moins 7 des critères de ce trouble de personalité. Il a dit aussi qu'il serait mieux que j'aille en centre de crise au lieu d'être hospitalisée car je risquais de regresser et de refaire une T.S dans les conditions actuelles.

J'ai donc été transférée au centre l'Accès, un centre ou j'ai été hébergée et prise en charge le temps de stabiliser mes émotions et faire le point sur mon geste suicidaire. Quotidiennement, je rencontrais une thérapeute avec laquelle je travaillais sur une rétrospective de l'évènement et sur les moyens de mieux gèrer les idéations noires. J'ai aussi eu le temps d'en apprendre plus sur le TPL. Soudainement, les difficultés que j'ai rencontré à l'adolescence et au début de l'âge adulte ont soudainement eu un sens. Je réalisais à quel point j'avais des émotions intenses et fluctuantes au cours d'une même journée depuis que j'ai 15-16ans. La dysphorie est mon quotidien depuis 10ans. J'ai compris qu'il était ''normal'' (mais pas normal pour vrai!) que j'aie eu ce sentiment de mal-être et de vide qui m'a souvant affligé de pensées noires et même des épisodes d'automutilation. La peur de l'abandon, mon éternelle insécurité par rapport à mon estime de soi et de mon inaptitude sociale, tout cela faisait du sens!!! Enfin, il y avait une raison derrière toute cette souffrance qui était avant cela invisible et intangible. Maintenant, je sais que j'agis ou que je pense noir à cause du TPL. Et la bonne nouvelle, c'est que ça s'atténue avec l'âge et avec de la thérapie! Enfin, un début d'espoir!

Un des aspects du TPL que j'aime le moins, c'est que j'ai beaucoup tendence à réagir intensément selon la façon dont mes amis et les gens agissent avec moi. Quand quelqu'un me traite avec gentilesse et se montre compréhensive, je me sens heureuse, acceptée, comprise et privilégiée d'avoir un lien d'amitié sain! Cependant, dés que je perçois que quelqu'un me juge, m'ignore ou me blesse avec une critique, je deviens remplie de tristesse et de haine. Parfois, je préfère m'éloigner de ces personnes parce que je suis convaincue que je ne vaut rien pour eux et qu'ils se foutent de moi. J'ai très peur du rejet et je préfère fuir que de faire face à la douleur du rejet. Je suis donc très désolée envers ceux que j'aurais pu froisser et ceux avec qui j'ai coupé les ponts suite à ce comportement.

J'ai pu quitter l'Accès définitivement mercredi, soit 5 jours après ma TS. Mon cheminement en centre de crise s'est fait sans anicroches. J'ai rencontré mon médecin de famille vendredi dernier et on a établi un plan d'action: cacher alcool et médicaments, établir un filet de sécurité social, signer un contrat stipulant que j'allais me présenter dans une semaine à un futur rdv...J'étais perplexe que l'on fasse autant d'éfforts pour me garder en vie alors qu'à l'intérieur de moi, j'ai cette constante difficulté à renconnaitre ma valeur en tant qu'être humain sur cette planète...Que je vive ou que je meure, quelle différence ça ferait?

La réponse à cette question, je l'ai eu de mes amis. Tous, à leur façon, m'ont fait voir à quel point j'ai une valeur pour eux. Le simple fait de me donner des nouvelles, ou de me dire que je suis importante pour eux, tout ça m'a émue et remuée au plus profond de moi. J'ai une raison de vivre, pour mes amis...cependant, il faut que j'apprenne et que je comprenne que je dois d'abord vivre pour moi, et trouver les raisons qui accordent de l'importance à mon existance. Je dois trouver ma place et apprendre à m'apprécier et à m'accepter telle que je suis. J'en suis qu'au tout début de mon cheminement. J'ai encore un peu de difficulté à accepter mon TPL mais avec la nouvelle thérapie que j'ai entrepris cette semaine, je commence à avoir un peu d'espoir.

Tout ira bien? Peut-être pas que TOUT ira bien, mais je sais qu'un jour, je serai mieux dans ma tête et mieux dans mon coeur.

Merci à tous ceux qui m'ont soutenue dans cette difficile épreuve. Je ne ferai pas la promesse de ne pas recommencer car je ne sais pas si je peux faire cette promesse mais j'y penserai certainement deux fois à la douleur physique et émotionelle ainsi qu'à la douleur que j'ai causé aux autres.

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