vendredi, septembre 29, 2006

Ouragan Juan...3ans après

Déjà 3 ans après ce triste évènement encore très frais dans ma mémoire. Si vous n'avez pas déjà entendu parler de cet ouragan, visiter le lien sur wikipédia. Ça décrit en gros qu'est-ce qui s'est passé.

Donc, dimanche, le 28 septembre 2003. Je venais de commencer ma 12e année donc on était en plein dans la matière. La fin de semaine du 26-27-28 septembre, un évènement prennait de la place aux nouvelles: l'ouragan Juan qui s'était formé au nord des Bermudes et qui s'avançaient lentement vers la Nouvelle-Écosse. Vendredi matin, c'était le sujet de conversation le plus hot de la classe et à 15h30, tous le monde s'est dit ''à lundi'' en supposant que la tempête allais être mineure. Vous voyez, ici aux Maritimes, la météo est souvant extrème. Tempêtes tropicales, ouragans, Nor'westers, blizzards, Suètes...t'sé, y'a plus rien qui nous impressionne au point de vue météo. On généralise et on s'en fait plus. Mais c'est cette arrogance et cette ignorance qui a couté cher aux maritimers...

Donc samedi matin, comme tous les samedis, je vais à ma pratique d'athlétisme. On parlait ''d'une tempête tropicale qui allait éffleurer Halifax et puis mourir'' comme c'est le cas pour tous les ouragans qui échouent ici. Mais samedi soir, le ton est monté d'un cran aux nouvelles. Ça n'allait pas être ''comme avant''. Un ouragan de catégorie 1 se dirigeait dead north, en trajectoire directe sur Halifax. Et cet ouragan, Juan de son nom, montrait un signe qu'il allait s'intensifier en traversant le golfe stream. On annonçait aux nouvelles 100mm de pluie, des vents de 140km/h, des inondations, pertes de courant. On urgait les gens à couvrir leurs vitres de planches de bois et à se stocker sur de l'eau, des lampes de poches et de la nourriture non-périssable... Mais savoir ceci à 21h un samedi soir, c'est naze. Les magasins sont fermés le dimanche en N-É.

Dimanche matin, je me rappelle avoir sorti de la maison vers 10h du matin, pour aller rapporter des livres à la bibli. L'air était si calme mais les nuages s'entassaient, un présage à la tempête. Vers midi, j'ai aidé mes parents à ranger tous les meubles de la cour. Le BBQ et le patio-set à été démonté et placé contre le mur de la gallerie, et tous les autres objets libre de la cour a été placé dans la shed. Les poubelles ont été ancrées à la clôture par des bungee-ropes, et leurs couvercles, avec du duck-tape. Les fenêtres ont été barrées et les portes aussi. Au préalable, ma mère avait rassemblé toutes les lampes de poche et les chandelles sur la table de cuisine et moi, dans ma chambre, j'avais préparé mon walkman (qui a une radio), ma flash lamp de vélo (lampe de poche munie d'un radio) ainsi que mon sac de couchage (au cas ou). Vers 19h, les vents se sont levés et vesr 21h, la pluie s'est mise à tomber. Je suis restée devant la tv de la cuisine, regardant minute pour minute les développements de la tempête sur le Weather Network. Juan était maintenant rendu un ouraragan de catégorie 2 avec des vents de plus de 150km/h. Le landfall allait se faire entre 23h et 1h du matin. Vers 22h20, les vents et la pluie battaient contre la maison. Je suis décendue voir mon frère qui était sur l'ordi et j'ai dit: '' Nick, tu devrait t'enlever de sur l'ordi, l'électriciter peut couper d'un moment à l'autre et ça va griller l'ordi...'' Il a dit ''ok'' et je suis monté dans ma chambre en espérant de dormir. Un vacarme d'enfer reignait dans ma chambre. Le vent et la pluie battait contre ma vitrine. Je temblait car c'était pas comme les autres tempêtes. Ma fenêtre menaçait réellement de cèder contre cette furie. J'ai pas hésité. J'ai pris mes choses et mon sac de couchage et je suis allée m'installer dans la salle de lavage. Il y a eu un gros ''Zap'' et l'électricité est parti d'un coup. Il faisait très noir et le vent battait toujours contre la fenêtre donc j'ai décidié d'aller camper dans la salle de jeu. Placée entre l'entrée de la salle de bain et du meuble à vin, je ne voulais pas voir une opportunité de regarder dehors. Ça me terrorisait trop. Mais, le bruit du vent qui menaçait de faire exploser la fournaise me donnait la chienne! J'ai ensuite entendu mon père descendre à la cuisine et ça m'a donné du courage pour aller le rejoindre. Il a dit '' C'est vraiment pas beau dehors j'aime pas ça''. Il devait être 23h30. Je me suis ensuite résignée à retourner dans ma chambre, allumer mes 2 lampes de poche et écouter la radio. J'allais pas dormir c'est clair. Vers 12h10, la radio a annoncé le landfall de l'ouragan à Prospect, qui est environ 20km à l'ouest de chez moi. Fucking shit! L'oeil de l'ouragan est à 20km! Eux, ils voient les étoiles et nous on subit les pires moments de l'ouragan! Car vous voyez, dans un ouragan, c'est toujours l'est de l'oeil qui est le plus pire! Après avoir entendu plusieurs appels qui suppliaient les gens de rester chez eux, mon père a eu un appel. Il devait rentrer immédiatement au travail. tous le monde s'est levé, mon frère et moi on scrutait dehors. C'était dégeulasse. Je pensait vomir juste à l'idée de voir mon père conduire 10km dans ce temps, sans électricité sur l'autoroute ni rien. Et du coup, il a ouvert la porte d'entrée et sous le vent, la porte s'est immédiatement déchainée et plein de feuilles sont entrée sur le palier, ça et le cap de cheminée du voisin! Les feuilles étaient comme des lames de rasoir. ça coupait au contact de la peau. Le vent devait souffler là à 180km/h...Ma mère a urgé à mon frère et moi de rentrer dans nos chambres et d'y rester. Elle était hystérique...J'ai refusé de dormir et je suis resté pendant 2h accrochée à la radio, suivant les développements. J'entendait les arbres qui craquaient et qui tombaient. j'avais peur que le gros sapin d'en face s'abatte sur le toit au dessus de mon lit...Enfin, vers 4h du matin, les vents se sont calmés d'un cran. C'était fini. Sous le poids du stress et de la fatigue, je me suis endormie....

BROUUUUUUMMMMMM 7h20 du matin...gros orage...je me rendors...8h30...j'entend des voix de gens qui s'exclament ''oh my god!!!! Oh my god!!!'' et donc je sors du lit, je met un gilet et mes bottes de pluie. Il devait faire 32 degrés car j'avais hyper chaud et c'était humide comme aux tropiques. Le paysage était désolant: la rue jonchée de feuilles, les maisons couvertes de feuilles. Des arbres cassés, des fils électriques par terre, des poteaux de téléphones par terre, des toits arrachés, des arbres et des arbres et des arbres de cassés...Et entre voisins, on s'est aidé mutuellement avec le nettoyage en se racontant la ''nuit''. On était isolé dans notre faubourg mais ce qu'on ignorait, c'est que c'était pire ailleurs. Ailleurs, il y avait des inondations, des immeubles démolis, des villages de pèche complètement rasés. Le centre-ville d'Halifax était délabré. Y'avait pas d'électricité, pas de médias, pas de nourriture et pas d'essence. Impossible de se déplacer en voiture à cause des fils électriques tombés. On a du attendre le lendemain, mardi, pour pouvoir sortir et aller chercher des provisions dans un magasin qui avait ouvert exceptionnellement pour donner les denrées périssables. En somme, j'ai du attendre 5 jours pour ré-avoir de l'électricité mais j'ai pu aller à la bibli pour utiliser internet car eux, ils avaient de l'électricité à partir du mercredi. Ce qui était cool, c'est que je n'avait pas eu d'école avant le lundi d'après...mais je ne pouvait pas aller travailler avant la 2e semaine d'octobre car mon lieu de travail avait perdu son toit!

En tout, les maritimers sont devenus plus sensible en ce qui concerne la météo. À chaque ouragan, on scrute à la loupe et on se prépare en conséquence. Je suis contente qu'un tel évènement a pu conscientisé la population à prendre les tempêtes au sérieux car le mieux on est préparé, le moins lourd sont les dégats...

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