mercredi, février 20, 2013

Rechute

Se réveiller soudainement d'un rêve et réaliser que ce rêve était en fait réel...
il est 3h12 du matin. Je suis couchée auprès de ma douce qui dors dur. J'ai les yeux grand ouvert
Je n'arrive pas à éffacer de ma tête cette vision de moi-même entrain de comettre l'irréparable.
La corde au cou, je saute, je pend, je meurt. Fin.
J'essaie de chasser cette pensée de ma tête. Elle revient...je saute, je pend...
Puis les pleurs se mettent à couler.
Pourquoi est-ce que je suis rendue à penser à cela alors que j'ai tout pour être heureuse?
J'ai une fiancée aimante, habite une maison de banlieue, j'ai un char, un emploi qui me fait vivre convenablement...
En plus, je suis en vacances...pourquoi pense-je comme ça?
J'ai honte de moi, de ces pensées.

Dimanche soir. La perspective de devoir rentrer au travail déclanche en moi une série de symptômes
Pleurs, tremblement...La peur, l'anxiété.
Peur de devoir faire face aux collègues froids.
Peur de commencer sur un étage sans connaitre ma charge de travail ni mes patients
Peur de ne pas être à la hauteur.
Je me gèle ben raide aux médicaments ce soir-là et je me couche en rêvassant que je ne me réveille pas le lendemain...

Lundi matin:
Le cadran sonne. ma douce reste couchée car elle a congé. Je suis groggy des médicaments pris la veille mais ça va.
Je me prépare comme d'hab pour aller travailler.
640 sur le bus
Je sens l'anxiété matinale me monter, mais elle est familière celle-là, je la gère bien.
J'arrive au travail. Peu de collègues me salue. La plupart d'entre eux se contentent de me saluer du regard.
seul 1-2 me demandent comment sont allé mes vacances.
La feuille d'activités que j'avais planifiée pour dimanche prochain est demeurée vide. Tant pis, c'est pas trop populaire...si c'était organisée par quelqu'un autre, y'aurait eu des gens interressés sans doutes...
Le début se passe plutôt bien, sauf pour un patient qui a chuté par distraction, et que je n'ai pas pu glisser le fauteuil roulant car les côtés étaient encombrés par des gens et des civières. Rien de grave. Le patient s'est relevé, j'ai fais la paperasse nécessaire, averti l'équipe...En après-midi, une collègue me dit que le dossier qu'elle a été pris en charge était mal écrit et qu'elle a du refaire mon travail car la patiente ne comprenait pas ce que je lui avais expliquée...malgré que j'avais passé beaucoup de temps à m'assurer que cette cliente comprenait bien avant qu'elle quitte. Sur le coup, je me suis dit que c'étais plus mon problème vu que ce n 'était plus ma patiente...

Ce n'est que pendant l'entraînement de natation que tout s'est déchaînée dans ma tête: ''Tu n'est pas une bonne physio, tu fais chuter tes patients parce que tu n'as pas bien planifiée ton intervention'' ''Si mes collègues doivent refaire le travail que j'ai déja fais, c'est parce que je ne suis pas indispensable et que je ne fais pas du bon travail''. Je suis une incompétante qui ne mérite pas ce poste. Mes collègues ne me font pas confience et ne m'aime pas.

Ce soir là, je suis tombée de fatigue. Je voulais dormir pour faire taire ces voix dans ma tête. Dormir Dormir Dormir.
Pendant la nuit, le même rêve: La corde au cou, je pend, je meurt. Je me retrouve sur les eaux glacées du st-laurant: Je saute, je gèle, je meurt. Puis je m'imagine à la piscine, avec des poids de 10lbs aux chevilles. Je saute, je coule. je me débat pour respirer, j'aspire de l'eau, tout devient flou et noir, je meurt.
Je me réveille en sueur et en panique. La tête pleine d'idées angoissantes.
Comment pourrais-je faire face à mes collègues aujourd'hui
Mes patients méritent quelqu'un de mieux que moi
Je suis pas digne d'être ce que je suis
J'avais le corps qui me débattait de l'intérieur, la tête en pêle-mêle
Je réveille ma douce, je suis en pleurs
Je lui dis que ça ne va pas, j'ai les idées noires
Mon corps au complet me laisse savoir que d'aller au travail, ce n'est pas une bonne idée
et surtout, le plus important, que j'ai des idées suicidaires.
Ma douce est restée avec moi, me consolant pendant 1h.
Elle m'a accompagnée au CLSC, tôt le matin
J'ai commencé à avoir une crise d'angoisse en plein centre. 100 personnes qui te regardent pleurer, c'est trop pour moi.
on m'a emmenée dans une salle ou j'étais surveillée par une infirmière, au cas ou je tenterais de me faire mal.
Je pleurais comme une dingue, les pensées en continu, incabable de les faire cesser. L'estomac tout noué. La gorge serrée, la respiration harletante. J'ai peur du futur, j'ai peur du présent. J'angoise, j'angoise!!

Je rencontre la travailleuse sociale.
On discute de ce qui m'emmène à consulter.
Elle évalue mes risques d'actes suicidaire. Je suis classée ''à risque modéré''
Elle prend le temps de m'écouter, de valider mes craintes et mes peurs.
Elle outille ma douce pour mieux m'encadrer dans tout ça.
Ensuite vient le médecin d'urgence. Il me dit que je vais revoir mon médecin de suivi antérieur dans 10 jours mais qu'entre-temps, je dois débuter un traitement anti-dépresseurs et antianxiogènes. Et bien sur, un arrêt de travail...

C'est ainsi que je me retrouve aujourd'hui. Les émotions gelées au clonazepam. Aucune motivation. Aucune joie de vivre. Je me sens vidée d'énergie.
Et puis, de nouvelles pensées me viennent à l'esprit. M'endormir à jamais avec des oxycocets...À cette pensée, je prend le téléphone et j'appelle l'Accès, un centre d'aide pour personnes suicidaires. La discussion dure environ 1h. C'est douloureux d'admettre de vouloir mourrir alors que tout ce qu'on souhaite, c'est d'avoir de l'aide. de s'en sortir une fois pour de bon...

Pour le moment, j'ai pas d'espoir dans le futur. Pour l'instant je me sens comme Marilou
Je sent plus rien
Je suis à bout
J'ai perdu la main
Je veut seulement quitter ma tête
Quelques instants pour que tout s'arrête
Car avec mes médicaments et le sommeil
Je me fout de tout
Quand je dors, je ne sens rien. Je n'ai pas peur, je n'ai pas d'angoisse.
Je suis en paix

Aucun commentaire:

Publier un commentaire