dimanche, octobre 16, 2011

Born this way

Don't hide yourself in regret
Just love yourself and you're set
I'm on the right track, baby
I was born this way

-Lady Gaga

Chers lecteurs, lectrices

Je souhaite avant tout vous laisser savoir à quel point le post d'aujourd'hui a été difficile à écrire, mais oh combien libérateur car c'est le fruit de nombreuses années de cogitation et de reflexions sur des questions existentielles... comme mon orientation sexuelle! Ceci dit, j'enchaîne avec ma citation favorie: ''A closet is for clothes, period!''

Le 11 octobre est le ''National Coming Out day''. Malgré que je sois plusieurs jours en retard, je tenais à écrire ce message plus tôt car dans un monde idéal, on n'aurait pas besoin d'une journée commémorative pour le faire! Je tenais néanmoins à documenter mon coming out pour la postérité, histoire de me souvenir des circonstances et des défis qui ont entourés cette période de ma vie qui a été assez tumultueuse...

Je commence avec une auto-question: ''Depuis quand je le sais?''. Je me suis souvent posée cette question. Je n'ai pas eu de moments précis de ma vie ou je me suis écriée ''OMG j'aime les filles!''. Je crois que c'était simplement un concept qui s'est lentement frayé un chemin dans ma pensée, jusqu'à l'auto prise de conscience silencieuse qui a enclanché le fameux ''questionnement'' qui aboutit à ce que je vous parle aujourd'hui. Certains dirons qu'on le ''sait'' via notre enfance...mais moi je ne crois pas que c'est ça l'explication...Quand j'étais enfant, je n'étais pas girly. Je n'aimais pas trop les robes, les rubans etc...mais je ne m'habillais pas comme un gars! Je préfèrais les sports, les jeux vidéos, les legos...mais je jouais quand même aux barbies et avec ma sailor moon! J'avais plus d'amie de filles...mais j'aimais aussi quelques garçons! En fait, mon premier ''chum'' était à la maternelle et j'ai eu un kik pour lui pendant bien des années...

C'est seulement une fois bien entamée dans l'adolescence, disons vers 15-17ans, que j'ai senti qu'il y avait quelque chose de pas très normal: malgré que je me sentais attiré par les garçons, certaines filles ne me laissaient pas indifférente. Surtout pas quand on passe quelques soirées à jouer à ''spin the bottle'' entre amis...Cependant, je n'avais pas en tête à cette époque-là l'envie d'être avec une fille, le concept était impensable pour moi qui ne voulait rien d'autre qu'être aimée par un garçon, quitte à le faire via internet! Bref, je recherchais que la normalité, moi qui était déjà reject et pas-très-normale! Je vivais un déni semi-volontaire, et ce déni persistera jusqu'à ma 1ère année universitaire. L'arrivée à l'université fût une période de libertés nouvelles, le passage de la vie d'ado à la vie adulte. Fini la petite école ou il y avait qu'un seul gai...et bonjour l'université ou il y a une association qui promouvoit la visibilité LGBT! Naive et ayant un intérêt pour la justice sociale, je m'inscrit en tant que bénévole pour Un Sur Dix, tout en vivant une panoplie d'émotions mixtes...Suis-je vraiment ''comme ça''? ''Pourquoi moi!''. Volontairement, je retourne dans le déni lorsque je me met à fréquenter mes premiers ''chums'' à l'université. Occasionellement, la ''question'' apparaît dans ma tête, mais je la repousse par la peur de décevoir les autres, perdre mes amis, être ostracisée de la famaille. Quand on me pose la question si j'aime les filles, je répond de façon véhémente, même si dans ma tête, les cartes s'embrouillent...

C'est en 2e année d'université que la ''question'' s'élabore. Sans m'en rendre compte sur le coup, je réalise que je suis attirée à une de mes bonnes amies, et c'est après un moment ambigu avec elle que je suis emprise d'un émoi intense, tellement que j'ai écris plusieurs textes et poèmes pour m'en libérer. C'est en relisant ces textes que la réalité me frappe de plein fouet: c'est plus que de l'amitié que j'éprouve pour elle, mais une véritable attirance physique! Du coup, c'est l'ignomie la plus totale: c'est dégeulasse de ressentir cela en sachant qu'on sort avec un mec bien et que la fille n'a pas du tout ce profil...
Bref, encore une période de déni volontaire jusqu'à ma 4e année d'université...jusqu'au moment ou cette même fille me confie qu'elle aime les filles!

Mais là, c'est le déluge d'émotions mixtes. Pour la première fois de ma vie, j'ai une fille devant moi avec laquelle j'ai un ''kik secret'' et qui me met au pied du mur avec cette simple question ''est-ce qu'il t'arrive à penser à des filles?'' Répondre à cette simple question par un oui explicite, à vive voix, a crée une onde de choc. C'était dit, c'était fait. 1er coming out. Encore une période d'émoi qui a été florisante en matière d'écriture! Quelques semaines après ce moment, nous nous sommes avoués nos kicks mutuels, et sortie ensemble dans le secret. C'est avec elle, ma 1ère blonde, que j'ai réalisé que c'était pas la fin du monde de l'avouer aux amis et que les vrais sont ceux qui acceptent la nouvelle comme si de rien n'était. Pour être honnête, ce n'est pas la chose la plus importante qui est ressortie de cette expérience. La plus belle leçon que j'ai retenu de cette 1ère idylle est que l'amour au sens physique (et pas nécessairement sexuel) était différent avec une femme, mais tellement plus agréable qu'avec un homme!

Malheusement, cette histoire s'est terminée avec mon départ de Moncton, et c'est avec une identité ''Bi'' que j'ai commencé mon périple à Ottawa. Je me sentais à l'aise avec cette nouvelle identité quoique je ne me sentais pas encore prête à faire les premiers pas pour une relation steady avec une femme. J'avais peur du jugement des autres, de ma famille. J'étais terrifiée que cette identité me nuise sur le plan carrière. J'ai donc laissé mes rêves d'une relation avec une femme de côté pour m'engager avec un chum, dans une relation que je croyais pouvoir me ''guérir'' de mes envies bisexuelles. Je le nie pas. J'ai été heureuse dans cette relation, sur le plan émotionnel, psychologique, spirituel...J'ai passé de très agréables moments avec cet homme et c'est grâce à lui que j'ai pu donner le meilleur de moi-même dans mes études et dans ma vie en général...mais sur le plan physique, c'était autre chose. Je me sentais extrêmement mal à l'aise par moments, honteuse de ne pas éprouver de désir, me sentir morte de l'intérieur. J'en suis venue à un point ou je détestais aimer physiquement car le plaisir n'y était plus. Je me sentais sale, inadéquate. Vivre cela à 23-24 ans est alarmant vu qu'à cet âge, la libido devrait être débordante, et moi j'étais là dans mon coin à me demander si je ne devrait pas consulter une sexologue! Ce n'est qu'une fois seule à Timmins que j'ai pu mettre le doigt sur ce qui me manquait: La sensualité d'une femme! Je ne sais pas si c'est la série Degrassi (qui avait un personnage lesbien) qui m'a encouragée, mais une fois de retour à Montréal, j'ai eu le courage de m'inscrire sur le réseau social Lez Elles afin de me faire un nouveau réseau d'amies bi et lesbiennes dans ma nouvelle ville...Commencer avec des amitiés m'aiderait sûrement à m'accepter.

L'étape de l'acceptation s'est faite tranquillement. La thérapie suivie au printemps dernier (pour ma perte d'emploi) m'a aidée à clarifier ce que je veux véritablement. Une de ces choses était de rencontrer une femme qui m'aiderait avec le processus de coming out. À la fin juin, c'était chose faite avec les 5 à 7 du réseau social. C'est là que j'ai rencontrée celle qui deviendra ma blonde. La rencontre de Suzie a littéralement mis mon monde à l'envers. Quand je la voyais, je me sentais comme mes amies ado qui trippaient sur leurs premiers chums: le coeur trépidant, la vie en rose. Tout était trop beau. Pour la première fois en de nombreuses années, j'éprouvais du désir! J'étais normale! Vivre ce feeling a été une deuxième naissance. J'ai embrassé ma véritable identité. Je suis ce que je suis, et j'en suis fière. À ce jour, l'acceptation est complète, seul le coming out complet demeure un défi...

Malgré ma participation dans la parade de la fierté gaie avec Suzie, j'éprouve toujours de la difficulté à l'avouer aux membres de ma famille malgré que la nouvelle a bien passé chez mes amis...je mentirais si je dis que la nouvelle a été appréciée unanimement. J'ai des connaissances qui ne me parlent plus depuis que je leurs ai annoncés la nouvelle, mais ça ne me dérange pas trop car je me dis que mes vrais amis sont ceux qui m'acceptent telle que je suis. Avec ma famille, je crains énormément les jugements, me faire dénigrer, ostraciser pour mon identité sexuelle, connaissant la réaction de ma parenté vis-à-vis mes choix de vie ''différents'' de la norme.

Donc j'en suis rendue là dans mon coming out. Même si certains membres de ma famille le savent déjà, le prochain passage s'adresse à ma famille et surtout à ma mère, que j'aime et dont je ne souhaite rien de moin qu'une chose: son amour inconditionnel

Je suis profondément désolée de vous avoir cachée la vérité, mais certaines circonstances dans le passé (les propos dits envers ma cousine lesbienne m'ont beaucoup marquée!) et dans le présent (le jugement envers mon ex-chum) m'ont fait réaliser que cette nouvelle vous bouleverserait profondément et je crains votre réaction.
S'il y a une chose que j'ai apprise à travers un magnifique livre traitant du coming out et la relation avec les parents, c'est que votre réaction ne m'appartient pas. Vous avez le droit d'être déçus, fâchés, troublés. Vous allez avoir un deuil à faire: celui que je ne serai jamais en couple, ni en famille avec un homme.
Cependant, je tiens à vous dire que malgré cette révélation aujourd'hui, je demeure la Audrey que vous connaissez: celle qui ambitionne, celle qui a su rebondir des épreuves de la vie, celle qui a la joie de vivre! Car oui, depuis la rencontre de Suzie, je suis heureuse comme je ne l'ai jamais été. Je me sens comblée et complète. Je le répète: Je-suis-Heureuse!!!

Je tiens beaucoup à ce dernier point car je crois qu'il est important pour un parent de savoir que son enfant est épanoui et authentique, et après tout, à part un léger détail aujourd'hui insignifiant grâce à la médecine moderne, être lesbienne ne m'empêcheras pas d'avoir une famille...le Canada étant chef de file mondial au niveau de la reconnaissance des droits des familles homoparentales! Ma convention collective syndicale indique même que les congés de paternité sont allouées aux conjointes de même sexe tant au niveau de l'adoption qu'à la procréation par insémination...

Voilà, c'est fait. C'est vrai que c'est sacrément soulagant après les semaines de stress que j'ai vécue par cette crainte! Vous le savez maintenant et je ne peux plus me cacher. Je suis fièrement une dyke, gouine, sappho, ''carpet muncher'', appellez ça comme vous voudrez. Pour moi, c'est simplement être moi car I was born this way...

(à suivre)

2 commentaires:

Gwen a dit...

on t'aime comme tu es : entière, vivante, energique! Sois heureuse c,est ca qui compte!

din a dit...

chuis fière de toi :) pleing <3

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